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La peri-implantite, causes et traitement

Poser des implants afin de remplacer des dents manquantes a été une révolution dans le domaine de la dentisterie.
Nombre de patients optent pour cette solution prothétique, lorsque celle-ci est indiquée bien sûr. Néanmoins la plupart de ces patients négligent le fait qu’avoir des implants en bouche ne veut pas dire ne plus avoir d’hygiène c’est même le contraire qu’il faudrait adopter comme attitude, c’est pourquoi le praticien se retrouve fréquemment confronter au problème de la péri-implantite.

Les péri-implantites

Un implant dentaire est un dispositif médical, sorte de vis en titane ou zircone ou polymère inséré dans le maxillaire ou la mandibule et destiné à créer un ancrage capable de recevoir une prothèse dentaire amovible ou fixée.

I. La péri-implantite:

C'est un processus inflammatoire destructif qui affecte les tissus durs et mous autour des implants ostéointégrés conduisant à la formation d'une poche péri-implantaire avec perte osseuse.
Dans le rapport du consensus du Sixth European Workshop on Periodontology, une définition a été retenue:
« Les maladies péri-implantaires sont des infections. La mucosité péri-implantaire décrit une lésion inflammatoire au sein de la muqueuse, alors que la périimplantite atteint en plus le support osseux » Lindhe et Meyle

II. Etiopathogénie de la péri-implantite:

La plaque péri-implantaire est organisée en biofilm, cette pellicule permet l’adsorption des bactéries grâce aux constituants de leur paroi.
Cette première couche organique se dépose immédiatement après l’exposition de l’implant dans la cavité buccale.
Suite à cette accumulation bactérienne autour de l’implant favorisée par de nombreux facteurs que nous verrons par la suite une inflammation caractérisée par une rougeur, une tuméfaction ainsi que souvent un saignement au contact se crée, une poche péri implantaire est donc diagnostiquée grâce à un sondage. Si cette poche est sans perte osseuse, nous sommes face à une mucosité si par contre une perte osseuse est retrouvée, nous sommes face à une péri implantite.

III. Diagnostic d'une péri-implantite:

Les symptômes types de la mucosité et de la peri-implantite ont fait l’objet de discussions détaillées dans le cadre de plusieurs conférences peuvent être résumés comme suit;

1. Mucosité : 

  • Rougeur et tuméfaction
  • Saignement au sondage 
  • Pas de perte osseuse

2. Péri-implantite :

  • Rougeur et tuméfaction 
  • Saignement et/ou suppuration 
  • Défaut osseux
  • Perte osseuse progressive.

Le diagnostic Repose sur différents critères :
Le sondage, la suppuration, l’analyse radiographique et la mobilité.
Le sondage autour de l’implant joue un rôle clé dans le diagnostic de la maladie peri-implantaire; une augmentation de la profondeur de poche au sondage est un indicateur possible de début d’une maladie peri-implantaire; il convient par conséquent de faire un examen radiographique pour identifier une éventuelle perte osseuse.
Les variations osseuses doivent être comparées aux cliches initiaux réalises au début du traitement. 
La formation de poches, le saignement au sondage, la suppuration et la perte osseuse progressive sont les signes cliniques définissant la peri-implantite.

IV. Facteurs de risque:

Facteurs microbiens et occlusaux:

  • Mauvaise hygiène.
  • Antécédents de maladie parodontale.
  • Etat général (diabète).
  • Tabagisme.
  • Absence de tissu kératinisé.
  • Excès de ciment de scellement dans les prothèses implanto portée.
  • Caractéristique de l’état de surface implantaire.

1. Hygiène bucco-dentaire:

Une très mauvaise hygiène buccale (indice de plaque ≥ 2) est fortement associée à la présence de péri-implantite (Ferreira et al), Serino et Ström abordent dans leur étude l’accès à l’hygiène au niveau des sites implantaires et considèrent ce facteur local comme fortement associé à la péri-implantite.

2. Antécédant de maladie parodontale:

Avant tout traitement implantaire, la maladie parodontale doit être traitée puis stabilisée, car la pose d’implants dans un environnement parodontal inadéquat pourrait compromettre le succès implantaire.
L’incidence de la péri-implantite pourrait significativement augmenter chez des patients avec une parodontite.

4. État général:

Le diabète par exemple est une maladie systémique qui agit à plusieurs niveaux sur la capacité de cicatrisation, il augmente la susceptibilité des patients aux infections et le taux d’échec implantaire.

5. Absence de tissu kératinisé:

L’ensemble des travaux convergent sur la nécessité de la présence de muqueuse kératinisée autour des implants.
Lin et al observent qu’un manque de tissu kératinisé autour des implants est lié à une accumulation de plaque, une inflammation tissulaire, une récession gingivale ainsi qu’une perte d’attache.

6. Tabagisme:

Un risque significativement plus élevé de développer une péri-implantite chez le patient tabagique.

7. Ciment de scellement résiduel:

Les résidus de ciment sont responsables de mucosité et de peri-implantite donc il convient d’accorder une attention particulière au scellement ; sinon, préférer une reconstruction vissée.
Les éléments prothétiques doivent aussi choisi et conçu de façon à faciliter le nettoyage.

8. Caractéristique de l’état de surface implantaire:

Les caractéristiques d’une surface implantaire dépendent du relief (irrégularité de surface), de la rugosité et de la composition chimique de cette dernière. 

9. Les contraintes occlusales:

Malgré le fait que les études chez l’animal n’aient pas mis en évidence la relation de causalité entre la contrainte et la perte de l’ostéointégration sans preuve d’infection, le facteur occlusal ne peut être écarté chez l’humain.
L’étiologie principale de la péri-implantite reste microbienne. Les études sont encore trop controversées en ce qui concerne l’origine occlusale exclusive.

V. Traitement des péri-implantites:

Le principe du traitement peri-implantaire suit une approche analogue a celle du traitement de la parodontite et comprend trois phases :

  • Phase systémique
  • Phase corrective
  • Phase de maintenance

Les objectifs à long terme sont d'arrêter l'évolution de la maladie et de préserver le site d'implantation; un traitement est choisi en fonction de l'étiologie du problème. 
Le traitement adéquat de la péri-implantite implique souvent de diriger le patient vers un parodontiste.

Selon l'étiologie:

A. Infection bactérienne:

Contrôler l'infection bactérienne aigüe et réduire l'inflammation tissulaire par un débridement mécanique, traitement antimicrobien localisé ou systémique et une meilleure observance de la part du patient des mesures d'hygiène buccodentaire jusqu'à ce que le site péri-implantaire soit sain.
Le nettoyage de l’environnement implantaire grâce à une hygiène irréprochable du patient et à une maintenance professionnelle adaptée.
La décontamination de la surface implantaire:
C’est l’aspect principal du traitement des péri-implantites.
Les principales techniques sont : l’utilisation de curettes en carbone ou en titane, l’aéropolissage, le laser, les inserts ultrasoniques spécifiques.
Ces techniques sont souvent associées à un traitement antiseptique de surface (souvent à l’eau oxygénée).
L’élimination chirurgicale des poches résiduelles; cette stratégie, comme en parodontologie, peut laisser des séquelles esthétiques car elle entraîne parfois une exposition du col, voire des spires des implants.
Dans certains cas, la morphologie de l’alvéolyse péri-implantaire nécessite de mettre en place des techniques de reconstruction osseuse. L’indication de ces techniques est posée lorsqu’une profonde lésion infra-osseuse est présente autour de l’implant.

B. Forces biomécaniques:

  • Une analyse de l'ajustement de la prothèse.
  • Une vérification du nombre d'implants et de leur position.
  • Une évaluation de l'occlusion.
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